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LE RÉSUMÉ DE L'HISTORIQUE   
 
Dans le livre de l’histoire humaine, un chapître est réservé à la Franc-Maçonnerie. Lorsque vous serez devenu membre d’une Loge, vous désirerez lire ce chapître, autant pour sa propre fascination que pour la Lumière dont il éclairera cette route Maçonnique qui s’ouvre devant vous. Ce soir, je vais vous faire un court résumé de cette histoire; non pas pour l’amour de l’histoire, mais pour vous permettre de mieux comprendre les trois marches de l’Initiation qui vous attend.
 
En toute époque et en tout pays, les hommes ont fondé des sociétés secrètes, organisé des cérémonies d’initiation, employé des symboles, des emblèmes et des moyens de reconnaissance. Lorsque la Franc-Maçonnerie fit son apparition - il  y a combien de temps, nul ne le sait - elle hérita beaucoup de ces sociétés, quelques-uns de leurs rites et nombre de leurs symboles. Vous les rencontrerez sur le sentier de votre initiation. Leur inexprimable antiquité les rend encore plus sacrés à nos yeux.
 
Le document le plus vieux de notre Corporation est un manuscript rédigé en 1390, en Angleterre, par un Frère inconnu. Celà fait presque six siècles! Mais ce texte lui-même prouve que, déjà à cette époque, la Maçonnerie était très ancienne.
 
Au moment où ce document fut écrit, tous les Francs-Maçons étaient opératifs. C’est-à-dire qu’ils s’employaient à bâtir des immeubles. Un tel bâtisseur était appelé “Maçon”. À ce propos, il est curieux de noter que, bien que le Larousse explique l’éthymologie de ce mot en partant du latin “macio”, en réalité tous les linguistes (et en particulier les Frères qui s’intéressent - et pour cause - à cette question) ne sont pas d’accord quant à l’explication de son origine.
 
Il y avait plusieurs catégories de “Maçons”, mais l’évidence prouve que ceux que l’on appelait “Francs-Maçons” étaient ces constructeurs d’un type supérieur qui dessinaient les plans, supervisaient et érigeaient les Grandes Cathédrales et autres magnifiques structures dans le style architectural dit “gothique”.
 
Ces maçons opératifs dressaient donc les plans des constructions dans le tout et dans chaque détail. Ils préparaient les pierres dans les carrières, assemblaient les voûtes, les piliers, les colonnes, gravaient les décorations, fabriquaient et ajustaient les vitraux aux fenêtres, et produisaient les sculptures. Leurs travaux étaient difficiles à exécuter et requiéraient une compétence et un génie du plus haut degré ainsi qu’une vaste connaissance des lois mécaniques et de la géométrie aussi bien que du travail de la pierre proprement dit. Ce furent les Grands Artistes du Moyen Age.
 
Une longue période de discipline sévère était nécessaire pour instruire ces hommes et en faire des ouvriers capables d’accomplir de tels travaux. Ils choisissaient de jeunes garçons de dix à douze ans, sains de corps, à l’esprit éveillé, et de bonne réputation, et les mettaient en apprentissage avec un maître-maçon pour un certain nombre d’années, habituellement sept. Ce maître-maçon devenait un peu le père du jeune garçon, son tuteur, son instructeur, et son guide. Il lui enseignait à la fois la théorie et la pratique du métier. À la fin de son apprentissage, le garçon devait se soumettre à une série de tests pour prouver son habileté avant d’être accepté comme membre actif de la Corporation, avec pleine possession des droits et de devoirs qui s’y rattachaient.
 
Lorsqu’un certain nombre de maçons travaillaient ensemble à une construction nécessitant plusieurs années de travail, ils organisaient une loge qui pouvait se réunir dans un  local provisoire ou  dans une salle de la bâtisse en construction. Une telle loge était gouvernée par un Vénérable Maître assisté de Surveillants; un Secrétaire s’occupait de la tenue des livres; un Trésorier gardait les fonds et une boite de charité pour dispenser l’aide aux membres malades, accidentés, ou en détresse, ainsi qu’aux veuves et orphelins des membres. Elle se réunissait en tenues régulières, divisait ses membres en grades, et admettait des membres par initiation. Bref, c’était dans l’essentiel ce qu’est une Loge Maçonnique aujourd’hui.
 
Le jeune garçon commençant son éducation dans l’art des bâtisseurs était appelé “Apprenti”. Après avoir servi un temps suffisant pour donner la preuve de sa qualification, son nom était inscrit dans les registres de la loge et il en devenait membre passif. À la fin de ses sept ans d’apprentissage, il était introduit en loge fermée et il était alors prêt à prouver sa compétence en produisant ce que l’on appelait une “pièce de maître”. En somme, il était jugé là. Maintenant, s’il passait son examen de manière satisfaisante, il était fait membre entier de la Corporation. En ce sens, il était l’égal des autres en devoirs, droits et privilèges et on l’appelait “Compagnon du Métier” - le mot compagnon voulant dire ici membre actif. En ce sens, il possédait maintenant la maîtrise: les théories, pratiques, règlements, secrets et outils de son métier. On l’appelait “Maître-Maçon”.
 
Ayant achevé leurs travaux dans une communauté, ces Francs-Maçons déménageaient dans une autre, assemblant leur loge où ils se rencontraient. Les autres catégories de maçons étaient obligées par la loi de vivre et travailler dans la même commune, année après année, soumis aux restrictions locales. La plupart de nos historiens pensent que les bâtisseurs des Grandes Cathédrales Gothiques étaient libres de ces lois et restrictions, et c’est pourquoi on les appelait “Francs-Maçons”.
 
Telle était la fraternité pendant sa période opérative, et telle elle est demeurée durant des générations. Puis un grand changement se produisit. La géométrie Euclidienne fut redécouverte, rendant ainsi publics de vieux secrets de métiers. Vint la Renaissance, et, avec elle, le style Gothique commença à décliner. Les conditions sociales subirent une révolution et les lois furent changées. Tout ceci amena le déclin de la Corporation. Durant les 16ème et 17ème siècles, les Francs-Maçons étaient si peu nombreux, que seulement quelques petites loges, çà et là, s’accrochaient à une existence précaire.
 
De par ces conditions, les Francs-Maçons adoptèrent une nouvelle pratique pour recruter leurs membres: ils commencèrent à accepter des membres non-opératifs. Autrefois, seuls les maçons opératifs pouvaient devenir membre, mais durant ces deux siècles - nos historiens les appellent les deux siècles de transition - des gentilshommes, ne désirant nullement devenir des bâtisseurs, ni poussés par la curiosité mais pour des raisons sociales et par intérêt dans les anciennes coutumes de la Corporation, furent alors reçus. Et parce qu’ils furent reçus ainsi, on les appela “Acceptés-Maçons”. Au début, ceux-ci étaient peu nombreux, mais, avec le temps, leur nombre s’accrût jusqu’au début du 18ème siècle, au point de dépasser les opératifs tout aussi bien en nombre qu’en influence.
 
Le résultat fut que la Corporation fit un pas qui allait la révolutionner et la diriger sur une nouvelle voie en puissance et en grandeur. Le jour de la Saint-Jean, le 24 Juin 1717, quatre des plus vieilles loges de Londres et de Westminster se rencontrèrent à Londres et organisèrent une Grande Loge et, le même jour, choisirent leur premier Grand Maître, le Très Illustre Anthony Sayer.
 
Quelques années plus tard, la Corporation s’était transformée en une Fraternité Spéculative - par spéculative on veut dire Maçonnerie morale et symbolique -, avait altéré les deux degrés en trois (Apprenti, Compagnon et Maître-Maçon), récupéré et compulsé les anciens manuscripts Maçonniques, produit le premier Livre des Constitutions, et commençait à distribuer des Chartes dont le nombre grandit rapidement après l’organisation de cette Grande Loge. Tout ceci était le début d’une Maçonnerie Spéculative organisée telle que nous la connaissons aujourd’hui.
 
En 1751, une nouvelle Grande Loge fut organisée en Angleterre. Avant cette date, des Grandes Loges avaient été formées en Écosse, en Irlande, et sur le Continent. Les premières Loges Américaines, dont la plus ancienne fut fondée à Philadelphie en 1750, étaient gouvernées par des Grands Maîtres Provinciaux nommés par les Grandes Loges d’Angleterre, d’Écosse, ou du Continent.
 
L’un des résultats de la fin heureuse de la guerre de la Révolution fut que les Loges Américaines devinrent souveraines et indépendantes. Lors de ces évènements, on se demanda s’il ne devrait y avoir qu’une seule Grande Loge pour tous les États Unis, mais la sagesse de la Corporation prévalut et un tel plan fut abandonné.
 
Peu à peu, une Grande Loge fut organisée dans chaque État, souveraine et indépendante dans les frontières de son État, et entièrement libre de contrôle et domination étrangers. Aujourd’hui, nous avons une Grande Loge dans chaque État, et une pour le District de Columbia. Sur leurs registres figurent plus de 15.000 loges, groupant approximativement 3 millions de membres.
 
Notre loge, L’UNION FRANÇAISE N°17, fut organisée en 1797. Elle est placée sous la juridiction de la Grande Loge de l’État de New York, et c’est l’une des plus anciennes loges de cet État.   
 
La Maçonnerie Spéculative ne jaillit pas, toute crée de rien, en 1717. Ce fut un développement graduel qui la dégagea de la Maçonnerie Opérative. En suivant une chaîne ininterrompue, nous pouvons remonter jusqu’à ces bâtisseurs du Moyen Age. Nous sommes nous aussi des Maçons, mais tandis qu’ils érigeaient des bâtiments de pierre, nous essayons de bâtir des hommes. Leurs outils ont été transformés en symboles de lois morales et spirituelles. Leurs pratiques et secrets ont été incorporés dans l’Art Royal de l’Amour Fraternel, du Secours, et de la Vérité. Leur rituel, adouci, enrichi et embelli par le passage du temps, est employé pour initier, passer et élever nos candidats. Tout ce qui était vivant et permanent dans leur métier a été préservé et nous l’employons au nom de la bonne volonté, l’amabilité, la charité et l’Amour Fraternel parmi les hommes.
 
Tel est notre héritage, Cher Ami, et lorsque vous y ferez votre entrée, vous y découvrirez son intérêt inépuisable ainsi que son appel durable: une Force pour enrichir, ennoblir et inspirer votre vie.
 
LECTURE 2
 
ectures aux candidats éventuels
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LES LANDMARKS
 
Avant que les systèmes modernes d’arpentage et d’enregistrement cadastral soient développés, la façon d’établir les limites permanentes d’une ferme, d’un champ, d’un lot, ou de toute autre parcelle de terrain, était un problème complexe et difficile à résoudre. Il semble que la presque seule méthode que les hommes pouvaient imaginer était de prendre un point de repère tel qu’une colline, une rivière, un rocher, ou bien même un arbre, de tracer de ce point une droite allant au point suivant, et ainsi de suite, déterminant de la sorte la ligne de démarcation au delà de laquelle la propriété d’un homme ne pouvait ou ne devait pas aller. Ces marques plus ou moins définitives étaient appelées “Bornes” (ou “Landmarks” en Anglais), mot qui s’explique par lui-même. (Pour la meilleure compréhension de cette lecture, nous emploierons le mot anglais car c’est d’ailleurs sous cette forme qu’on le trouvera presque toujours.) Il est facile de comprendre pourquoi le fait de détruire ou d’enlever une borne était considéré comme une offense sérieuse: il correspondait à voler un homme de son bien.
 
La Franc-Maçonnerie a honoré ce terme en groupant sous le terme de Landmark ses plus importantes lois de base. Il y a dans la Corporation certains principes, usages de lois, pratiques et traditions qui ne peuvent être changés par aucun Maçon, Loge ou Grande Loge. C’est ce dont nous parlons lorsque nous nous référons aux “Anciens Landmarks”, expression que vous entendrez souvent durant votre carrière maçonnique. Essayons donc de comprendre cette expression, tout du moins dans son sens large.
 
La F .'. M .'. a une identité, un caractère qui lui est propre. Certaines choses en elle ne peuvent être abolies, changées ou modifiées sans détruire cette identité. Certains changements peuvent être  effectués et la F .'. M .'. continue alors d’être ce qu’elle était auparavant; mais il y a d’autres altérations qui, si elles étaient faites, détruiraient la F .'. M .'. elle-même car elle cesserait de posséder sa propre identité et elle deviendrait quelque chose d’autre ... Examinez un verre d’eau, par exemple. Nous pouvons diviser cette eau en parties de plus en plus petites jusqu’à ce que nous atteignions la molécule. Mais durant toute l’opération, nous aurons toujours de l’eau. Si cependant nous ne nous arrêtions pas ici et divisions ensuite la molécule, nous n’aurions plus de l’eau mais des gaz: de l’oxygène et de l’hydrogène en combinaison H2O. Il y a donc un point au-delà duquel ce fluide ne peut être changé sans perdre son identité.
 
Cet exemple concrétise l’idée des Landmarks. Ils définissent ce qui est essentiel à l’identité de la Franc-Maçonnerie. S’en débarrasser équivaudrait à se débarasser de la Maçonnerie. Nous pouvons donc grossièrement définir ainsi la doctrine des Landmarks:
“Tout ce qui est trouvé nécessaire à maintenir l’identité et à garantir la continuité de la Franc-Maçonnerie a la puissance d’un Landmark.”
 
Vous voyez maintenant pourquoi une Loge, une Grande Loge, ou bien-même la Fraternité entière ne peuvent pas changer ces Landmarks. Et si une Grande Loge décidait de changer ces Landmarks, elle se détruirait elle-même car il n’y aurait plus de Maçonnerie, et il ne peut naturellement exister de Grande Loge sans Maçonnerie.
 
Il est impossible de donner ici une liste complète de tous ces Landmarks, mais quelques exemples aideront à éclaircir ce dont il s’agit. Je vais attirer votre attention sur quelques uns de ceux-ci tout en vous prévenant que ce ne sont que des spécimens et qu’ils ne limitent ni n’épuisent ces Landmarks.
 
La Maçonnerie débuta il y a cinq ou six cents ans avec les maçons opératifs d’Europe et de Grande Bretagne. Bon nombre de leurs sciences, pratiques, arts, symboles, emblèmes et coutumes se trouvèrent incorporés de manière permanente dans la nature même de la Maçonnerie. Si tout ce que nous avons hérité de la Maçonnerie Opérative devait être aboli, non seulement celà détruirait nos connections avec notre propre histoire, mais en même temps changerait notre Fraternité au point de la rendre méconnaissable. Voilà donc ce qu’est la puissance d’un Landmark.
 
Dans la Maçonnerie, nombreuses sont les choses gardées secrètes du monde extérieur, ses propres membres les ayant déclarées sacrées. Ce secret n’est pas une pose théatrale prise pour satisfaire un désir de mystification, mais il est si essntiel à la nature de la Corporation que nous ne pourrions pas même concevoir la Franc-Maçonnerie sans lui. Le rituel, les initiations, les obligations, les moyens de reconnaissance, et cette vie privée (ce qui en somme rend les heures passées en Loge si délicieuses) seraient partis. Le secret a donc la force d’un Landmark.
 
Dès son début, la Maçonnerie n’admit que des hommes adultes comme membres. Un garçon mineur ne pouvait être tenu responsable de ses obligations. Et si les femmes étaient admises, celà demanderait un tel remaniement de notre système que peu de la forme sous laquelle nous le connaissons actuellement demeurerait. Chaque candidat doit posséder certaines qualifications: il doit être sain de corps, bien recommandé, de bon caractère, né libre, et d’âge majeur. Si ces clauses étaient supprimées, nous serions envahis par des hommes de tous bords, des hommes incapables de vivre une vie Maçonnique physiquement, moralement, et mentalement. En résultat, il n’y aurait pas de vie Maçonnique à vivre ... Mais il n’est pas suffisant qu’un récipiendaire soit bien qualifié pour être admis dans nos mystères, il doit aussi passer par les Rites d’Initiation. Ceci aussi est une part intégrale de notre Fraternité depuis son début, et il lui est si vital que tout le système le présuppose entièrement. Éliminez l’initiation, et il est possible qu’un genre de société demeure, mais ce ne serait pas la Société des F .'. M .'..
 
Un autre facteur tout aussi essentiel est le Ballot, unanime et secret. Comme le but principal de la Corporation est d’unir les hommes par des relations fraternelles, il est nécessaire que les tels candidats qui seront admis ne viennent pas troubler l’harmonie qui règne parmi les membres. Le dessein du Ballot fut si soigneusement défini pour se protéger contre les importuns que, jusqu’en 1989, si un seul membre était convaincu qu’un certain candidat aurait une influence pertubatrice, son seul vote avait le pouvoir de l’exclure. Malheureusement, certains membres ont abusé du système en éliminant des candidats valables pour conserver leur propre contrôle de la Loge, et de ce fait, la Grande Loge de New York a adopté en 1989 le changement pour qu’un minimum de 3 membres soit nécessaire pour rejeter un candidat.
 
Le Rituel contient le Travail, les Lectures, les Cérémonies employées pour enseigner les principes, lois morales et buts de la Maçonnerie. Les symboles, emblèmes et allégories sont abondamment employés pour appuyer et dramatiser ces enseignements. Peut-être qu’aucune autre des “Bornes Permanentes” n’excède le Rituel dans la nature essentielle de son identité.
 
La souveraineté d’une Grande Loge, la souveraineté d’une Loge dans sa juridiction, et la souveraineté de la loi non-écrite sont une nécessité similaire, car sans de telles souveraintés, l’anarchie prendrait place et le Fraternité serait réduite en pièces par des forces désordonnées générées en elle-même. De même, tout Maçon doit respecter la loi civile et lui obéir. Aucun Maçon n’a le droit de participer à des rixes et des rebellions. Aucune discussion politique ne doit avoir lieu dans nos réunions. Que celà soit aboli et notre organisation deviendrait captive de quelque parti politique ou social quel qu’il soit, et elle périrait au premier changement du pouvoir gouvernemental; et tant que celà durerait, elle serait esclave d’un pouvoir extérieur, destituée de tout droit de régulariser et contrôler sa propre existence.
 
Dans le même sens agit l’ancienne loi qui interdit qu’un candidat ou un membre soit questionné sur ses croyances religieuses, et aussi que des questions sectaires soient introduites dans la Loge. Comme devenir le jouet d’un parti politique équivaudrait, en somme et en fin de compte, à la destruction de la Maçonnerie, de même devenir esclave de quelque “église” amènerait sa mort tôt ou tard.
 
On peut décrire ce dernier exemple comme le “Landmark” couronnant tous les autres. La croyance en un Être Suprême (*), avec la Bible (**) ouverte en Loge, et la croyance en l’Immortalité forment la base religieuse de la Franc-Maçonnerie; et le mot “base” doit être pris ici dans son sens le plus littéral. Si cette partie spirituelle était supprimée, notre Fraternité dégènèrerait en un simple club social, chose entièrement opposée à ce qu’elle a toujours été et qu’elle demeure maintenant encore.
 
Ceux-ci ne sont que quelques exemples de ces caractéristiques qui appartiennent inélianablement à la Franc-Maçonnerie et dont voici le but.
 
Vous n’êtes pas encore Maçon. Si vous avez la bonne fortune de devenir membre d’une Loge, et si ensuite vous progressez en savoir et en expérience Maçonniques comme nous l’espérons, vous acquérerez une compréhension de ce sujet d’une façon plus technique car vous aurez l’avantage de le voir de l’intérieur et non plus de l’extérieur. Mais à votre stage présent, ce sujet est de la plus grande importance pour vous pour la raison suivante: il vous explique que la Franc-Maçonnerie est clairement consciente de ce qui appartient à sa propre nature. Elle garde et chérit cette nature, continuellement, contre toute influence possible. Le candidat qui en devient membre doit l’accepter comme il la trouve ou pas du tout.
 
Il n’existe aucun moyen de changer la Franc-Maçonnerie pour l’adapter aux goûts, aux faiblesses, aux présagés ou aux opinions du Candidat. C’est à lui de s’y conférer en se changeant si besoin en est. Pour devenir Maçon, vous devez donc vous tenir prêt en toute sincérité à donner de bon cœur votre assentiment à ces enseignements et principes, à obéir à ces lois et règlements, et à observer ces “Anciens Landmarks”.
 
(*) Ce principe de la croyance en un Être Suprême a non seulement fait couler beaucoup d’encre, mais il est à la base de cette regrettable inimitié qui existe entre certaines Obédiences parce qu’il est parfois mal compris. Un grand Maçon Français le définit ainsi:
“Le Grand Architecte de l’Univers - cette expression est un symbole. Mais ce symbole voile une Foi: Foi dans l’Initiation et ses vertus. Nous ne pouvons pas exiger que cette Foi soit exprimée par la pratique d’une religion définie. Pour nous, le Grand Architecte de l’Univers peut représenter le Dieu révélé à n’importe laquelle des 171 ou 172 religions chrétiennes,  juives, ou musulmanes qui sont librement pratiquées dans ces grands pays où la liberté de pensée est la règle de base.
Il peut aussi voiler l’idée bouddhiste ou hindoue de divinité. Et finalement, il peut au-dessus de toute conception religieuse, représenter l’Être Suprême, Idéal, Éternel et Universel, qui inspire nos efforts vers la perfection. Lui qui fut, qui est, et qui sera; Lui qui engendre et anime de vie toute chose; l’Inconnu infini et souverain, inxeplicable et inexprimable, inaccessible aux efforts du raisonnement, mais perceptible à l’Amour intuitif ou, en d’autres mots, à l’Initiation”
 
(**) Et un autre à propos de la Bible:
“Ce livre est sacré, mais c’est un symbole. C’est le symbole de l’Être humain car il contient à la fois tout ce qui peut être trouvé dans l’humanité, et, même dans chaque homme, de la chose la plus vile à celle la plus pure.”
 
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LES DOGMES
 
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je pense qu’il est nécessaire de définir le sens dans lequel on emploie ce mot “Dogme”, et comment il doit être compris. Il n’a pas ici un sens ni une tendance religieuse ou sectaire, mais plutôt philosophique. Je l’emploie ici dans ce sens donné par le Petit Larousse: “opinion donnée comme certaine” dans le sens de la philosophie qui admet la certitude.
 
Les principaux ou premiers dogmes de la Franc-Maçonnerie sont l’Amitié, la Moralité et l’Amour Fraternel. Il ne faut pas dédaigner ce mot “principaux”, car il veut dire que si la Maçonnerie met la plus grande emphase sur l’enseignement de ces dogmes, il y en a d’autres cependant d’importance presque égale et, dans toute notre discussion sur ce sujet, nous n’allons pas les perdre de vue.
 
Par ce mot “Dogme”, nous désignons un enseignement si indéniablement vrai, si universellement accepté, que nous y croyons sans aucun doute et le considérons toujours comme admis. On peut trouver des exemples tout autour de nous: une bonne santé est préférable à la maladie; on peut se fier plus à un homme sincère qu’à un menteur; mieux vaut économiser l’argent que le gaspiller; un homme travailleur est plus utile qu’un oisif; un sage est plus apte à conseiller qu’un fou; etc. Ceux-ci ne sont que quelques-uns des innombrables exemples d’enseignement de vérité qu’un homme intelligent ne peut mettre en doute. Tout le monde les admet. Ce sont les “Dogmes”.
 
Lorsque nous étudions les principaux dogmes de notre Fraternité, nous sommes immédiatement frappés par ce fait: la Franc-Maçonnerie considère l’Amitié, la Moralité et l’Amour Fraternel être des vérités de ce genre. Elle les accepte pour vrai dans ce sens qu’aucun homme ne peut les discuter; ils sont évidents, axiomatiques et se prouvent par eux-mêmes. Je me demande si vous les avez toujours considérés ainsi? Ce n’est pas chose commune pour les hommes de considérer l’Amour Fraternel, par exemple, être une chose telle que, si elle est hautement désirable, elle ne peut être pratiquée et, par suite, n’est qu’une vague vision dont on peut rêver mais qu’on ne peut jamais posséder.
 
C’est un défi pour la Maçonnerie d’appeler de telles choses des dogmes car celà implique que, non seulement elles sont vraies, mais aussi naturellement et clairement vraies. À moins que vous n’assimiliez ces faits, à moins que vous ne découvriez par vous-mêmes que ces enseignements de la Franc-Maçonnerie sont des réalités, de bien évidentes réalités et non pas un idéal de visionnaire, vous ne serez jamais capable de comprendre l’enseignement Maçonnique. Car la Maçonnerie ne nous dit pas que l’Amitié, la Moralité et l’Amour Fraternel devraient être vrais - elle nous dit qu’ils sont vrais. Ce sont des réalités terribles dans la vie humaine et il est impossible de douter de l’existence de la terre sous nos pieds et du soleil sur nos têtes. La question n’est pas: “Devons-nous croire en eux ou non?”, mais: “Comment allons-nous les traiter?”
 
Réfléchissons un instant à ces dogmes en commençant par l’Amitié. Quelqu’un a dit que la Maçonnerie apprend comment faire des amis en enseignant comment devenir un ami. L’Homme, étant ce qu’il est, ne peut pas trouver le bonheur par lui-même et, par conséquent, recherche ce bonheur dans la compagnie des autres. Malheureusement, la bonne sorte de bonheur n’est pas toujours cherchée car ce qui est bonheur pour un individu peut être quelque chose d’entièrement différent pour un autre.
 
Bien que la Maçonnerie ne prétende pas avoir le monopole des hommes bons, c’est un fait que vous y venez de votre propre et libre volonté et qu’il est tout aussi vrai que d’amples investigations ont été faites parmi ceux qui vous connaissent bien quant à votre caractère et à votre vie. Par conséquent, le fait même que vous avez été accepté et êtes présent ici maintenant est une preuve que notre Loge croit que les amitiés de la F .'. M .'. vous attireront et que l’esprit amical que vous pouvez offrir lui sera acceptable. La sincérité, la loyauté, la sympathie, la tolérance, la confiance, l’intérêt, le dévouement, l’altruisme - le sacrifice même - sont quelques-uns des composants de la vraie amitié. La Franc-Maçonnerie enseigne toutes ces vertus et pointe sans cesse vers le fait que la vraie amitié, celle qui reste fidèle, ce genre d’amitié qui adouçit nos relations avec ceux qui nous entourent, est toujours mutuelle.
 
La Moralité. Les bonnes règles de morale sont celles acceptées comme standard de conduite par lequel toute action est mesurée afin de déterminer sa convenance à la pratique. La Moralité, par suite, est la pratique de ce standard, de ces règles. Par ces définitions, il est clair que la Moralité est l’emploi de ces règles de morale dans notre vie quotidienne. La Moralité n’est pas matière à compoction. L’homme qui agit toujours par les lois morales uniquement parce qu’il a peur d’agir autrement peut se leurrer lui-même mais pas les autres. Ainsi, tel homme devient un genre de double personnalité: l’une désirant agir proprement par principe, l’autre retenue de l’immoralité seulement par peur.
 
Il n’y a pas de Moralité Maçonnique, ce qui supposerait un code de conduite séparé et exclusif. La Maçonnerie n’offre aucun jeu de règles de morale spécifiques et aucune morale particulière ne naît en elle. La Maçonnerie enseigne la pratique de toutes les bonnes règles de morale, en laissant l’interprétation à la conscience de l’individu. Que la Maçonnerie reste profondément fidèle à la pratique de la Morale vous sera évident lorsque vous progresserez dans vos Degrés.
 
Qu’est-ce que l’Amour Fraternel? Manifestement, il signifie que nous plaçons dans un autre homme la plus haute estime possible comme ami, compagnon, associé, voisin ou collègue. Être avec lui, ne passer seulement que quelques heures avec lui, avoir le privilège de travailler à ses côtés, c’est tout ce que nous demandons. Nous ne demandons pas à avoir de cette relation un gain financier ou à accroître nos affaires, ou réussir dans quelque autre gain égoïste. Nos relations avec une telle personne sont leur justification et leur récompense. Nous savons tous que cet Amour Fraternel est ce bien suprême sans lequel la vie serait une chose laide, solitaire et malheureuse. Ceci n’est pas un espoir ou un rêve - mais c’est aussi réel que le jour et la nuit.
 
La Franc-Maçonnerie construit sur ce fait, l’admet, procure des opportunités pour obtenir cette camaraderie, nous encourage à la comprendre et à la pratiquer, et à en faire une loi de notre existence. C’est en fait, et dans sa vérité littérale, un de ses principaux Dogmes.
 
Si l’Amitié, la Moralité, et l’Amour Fraternel sont les principaux dogmes de la Maçonnerie, il y en a d’autres qui enseignent aussi une vérité si claire, si nécessaire, qu’aucun argument n’est utile pour les soutenir. Vous devez réfléchir aux leçons de la Corporation au fur et à mesure que vous avancez de Degré en Degré, en gardant toujours ceci à l’esprit. Il est possible que vous ne trouverez aucun d’eux nouveau ou excitant. La nouveauté cependant, si elle peut avoir son propre intérêt à certains moments, ne peut être comparée avec la valeur de savoir que les vérités sur lesquelles est fondée la Maçonnerie sont éternelles. Elles ne sont jamais nouvelles. Elles ne sont jamais vieilles.
 
Le temps ne peut les flêtrir, aucune coutume les vieillir. La fraîcheur de l’Immortalité est en elles parce qu’elles ne meurent jamais. En elles est une inspiration incessante, un inépuisable appel. Ce sont des dogmes de la Franc-Maçonnerie parce que partout et toujours ce sont des dogmes de la vie humaine.
 
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LES QUALIFICATIONS
 
Puisque le Ballot décide une fois pour toutes que vous possédez les qualifications requises de tout récipiendaire, vous pouvez discuter ce besoin de vous donner d’autres explications sur ce sujet. En réalité, ces qualifications ne sont que partiellement nécessaires pour devenir Maçon. Dans un sens plus large et beaucoup plus important, elles déterminent aussi l’aptitude d’un homme à rester Maçon après qu’il soit devenu membre. Ce sont les qualifications d’un Maçon et non pas uniquement d’un homme qui désire devenir Maçon. Elles sont toujours en puissance, tout au moins la plupart d’entre elles, et nous ne les annulons pas avec le Ballot.
 
Ce mot “qualification” nous vient vient d’un terme latin signifiant “valeur”. Par conséquent, les qualifications d’un postulant définissent les valeurs et qualités qu’il possède, actives ou latentes, et qui lui garantissent une place dans la Société des Maçons.
 
Ces valeurs sont de deux sortes: internes et externes.
 
Les qualifications internes se divisent en deux branches principales: la première est que le récipiendaire doit venir de “sa propre et libre volonté”, c’est-à-dire, sans être sollicité, ni sous la poussée d’autres raisons ultérieures quelles qu’elles soient. Le corollaire de ceci - et ici nous observons combien ces qualifications restent en puissance - est qu’un Maçon ne doit solliciter un homme pour qu’il joigne notre Ordre. L’autre qualification interne est qu’un “récipiendaire doit venir pur de tout motif mercenaire”. Le sens de ces mots est évident: il ne doit pas s’attendre à trouver un gain professionnel ou financier, ni tout autre bénéfice matériel dans notre Ordre et, réciproquement, aucun Frère déjà membre n’a le droit de demander telle faveur au Candidat. Ces deux qualifications sont dites internes parce qu’elles traitent de motifs, et seul un homme peut connaître ses propres motifs.
 
Les qualifications externes, pour en faciliter l’étude, se divisent en quatre points:
 
a) Le Physique: un récipiendaire doit être un homme dans toute l’acceptation du terme, et non pas une femme, un enfant ou un eunuque. Ceci est un ancien Landmark. Il doit avoir atteint l’âge légal, chez nous 21 ans, parce que personne ne peut contracter toutes les Obligations Maçonniques s’il n’a pas atteint l’âge de raison et peut être légalement tenu responsable de ses actes. Ceci exclue un jeune homme “mineur”, et aussi un vieillard en enfance car, dans ce cas, cet état signifie la perte ou l’amoindrissement des facultés grâce auxquelles un homme peut reconnaître ses responsabilités et s’en acquitter.
 
b) Le Mental: les qualifications mentales ne sont pas expressément arrêtées, bien que quelques Loges exigent qu’un candidat sache lire et écrire l’anglais. Mais il leur est fait allusion et, telles quelles, elles existent tout autant que si elles étaient absolument définies. On enseigne beaucoup à un Maçon; on lui demande aussi beaucoup. Il lui est impossible de comprendre ces enseignements et de satisfaire ces demandes s’il ne possède pas des capacités au moins égales à la moyenne.
 
c) Les Qualifications Civiles: ces qualifications traitent de la vie d’un homme en temps que citoyen, voisin, et membre d’une communauté. Elles requièrent qu’il soit homme libre. Celà ne veut pas seulement dire qu’il ne soit pas esclave, ou enchaîné de quelque manière que ce soit, ni dépouillé de ses droits civiques, mais aussi qu’il soit libre, son propre maître d’accomplir ses devoirs de Maçon sans interférences extérieures. Il faut aussi qu’il soit homme de bonne réputation, tenu en estime par ceux qui le connaissent bien. Plus important encore qu’il soit bon citoyen, qu’il obéisse à la loi, comme le stipulent les Anciennes Charges: “Qu’il soit déférent avec les Magistrats Civils”, et qu’il se garde de participer à toute rebellion ou émeute susceptible de troubler l’ordre public.
 
d) Les Qualifications Morales et Religieuses: un Ancien Landmark exige qu’un Maçon soit un homme bon et sincère, un homme d’honneur et de probité qui se gouverne par le Compas, se juge par l’Équerre, et se teste par le Fil à Plomb. Les exigences morales de la Fraternité sont si impérieuses que penser d’un Maçon qu’il ne doit pas se vouer à l’intégrité et à la rectitude est penser en termes contraires.
       Pour la Religion, on demande à un Candidat de croire en Dieu et en l’Immortalité, et qu’il emploie la Bible comme règle de conduite et de limite dans sa vie et pour sa Foi. On lui demande en même temps de pratiquer la Tolérance. Il ne sera pas interrogé sur la forme théologique de sa Foi et il ne devra, à son tour, interroger les autres.
 
D’autres qualifications entrent en jeu. Par exemple, celle concernant le paiement des cotisations ou autres taxes dont il peut être imposé, ainsi que celles concernant la résidence et le domicile. Mais ce sont les qualifications décrites plus haut qui définissent vraiment les qualités nécessaires à tout candidat et à tout membre.
 
Pour conclure, vous devez observer un point de la plus haute importance. Cette liste de qualifications nous donne un portrait du Maçon tracé par la Fraternité elle-même, et ce portrait est officiel. Il est impossible d’exagérer combien il est nécessaire que vous assimiliez bien ce fait et que vous l’absorbiez entièrement dans vos efforts pour arriver à une vraie compréhension de la Franc-Maçonnerie.
 
Un Maçon doit être un homme en possession de qualités physiques qui lui permettront de satisfaire la demande des travaux; de qualités mentales; apte à supporter ses responsabilités; faire preuve de discrétion pendant des années; un bon citoyen; un homme à la Foi religieuse bien fondée; son propre maître, libre de tout contrôle extérieur; qui se consacre aux prétentions de la Fraternité; accepté comme membre par l’Ordre.
 
Qui peut être Maçon?
- Tout homme qui remplit les conditions énumérées ci-dessus.
 
Qu’est-ce que la Franc-Maçonnerie?
- Une Association de tels hommes, dévoués à une telle humanité.
 
Quels sont les buts, les enseignements et l’idéal de la Franc-Maçonnerie?
- Toutes telles réalités, telles vérités, tels buts, tel idéal qui décrivent, interprètent,
  soutiennent, satisfont, et engendrent une telle humanité.
 
Quel est le dessein de la Franc-Maçonnerie?
- De trouver de tels hommes, de développer de tels hommes, de les unir en une Fraternité consacrée à la
  vie de tels hommes.
 
Dès maintenant, vous voyez avec une nette clarté dénuée de tout malentendu ou possibilité de malentendu, que ces qualifications sont un support de la Corporation, exprimant ses standards, décrivant qui en réalité peut être Maçon, et déployant le but de toute entreprise Maçonnique. Il n’est pas suffisant qu’un homme possède toutes ces qualifications dans le seul dessein de remplir une formule d’application. Elles sont requises de nous à tout moment, pour aussi longtemps que nous appartiendrons à l’Ordre de la Franc-Maçonnerie.
 
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LECTURE  5
 


L'ATTITUDE DE LA FRANC- MAÇONNERIE ENVERS LA RELIGION ET LA POLITIQUE 
 
 L’un des plus importants de nos “Landmarks” est celui qui nous interdit de participer en temps que Maçon à tout sectarisme politique ou religieux que ce soit. Nous ne pouvons pas interroger un Candidat sur ses croyances religieuses ni sur ses idées politiques. Nous ne pouvons pas discuter de tels sujets dans nos réunions. Nous ne pouvons pas, au nom de l’Ordre, prendre part à des actions publiques en ce qui les concerne. Un Candidat doit s’engager à croire en Dieu et en l’Immortalité, et il doit révérer la Bible comme guide et limite dans sa vie. L’interprétation doctrinale qu’il place dans ses croyances doit cependant lui être entièrement laissée. Il doit aussi s’engager à être un bon citoyen, mais le choix du parti politique avec lequel il travaillera pour la réalisation de son idéal de citoyen lui est aussi entièrement laissé.
 
L’attitude de l’Ordre envers de tels sectarismes n’est pas purement négative. Elle va beaucoup plus loin que de dire simplement: “N’y touchez pas!”. Cette attitude est en fait bien positive car elle interdit, d’une manière définitive, toute controverse sectaire sous quelle forme que ce soit. De telles controverses sont non-maçonniques - autrement dit ce sont de nettes violations de la Loi Maçonnique écrite et, de ce fait, l’objet de sévères sanctions.
 
Il n’est pas difficile de comprendre la raison de ce Landmark. La Maçonnerie existe par et pour l’Amour de la Fraternité, lui est dédiée et s’y consacre. Ce mot “Fraternité” veut dire que beaucoup d’entre nous, hommes de toutes extractions avec des caractères raciaux variés, des opinions politiques et religieuses différentes, sont amenés à s’unir et à demeurer unis en une relation amicale, harmonieuse et bienveillante. Pour maintenir cette relation, il est nécessaire que toute passion et tout préjugé qui puissent nous diviser et produire des schismes, des querelles intestines ou des côteries d’opposition, soient laissés au-dehors. Il est notoire que rien n’est mieux apte à diviser ou fâcher les hommes que le sectarisme politique ou religieux. Le sectarisme est donc interdit parce que le bien de l’Ordre l’exige.
 
La Franc-Maçonnerie interdit le sectarisme à ses membres. Mais peut-être vous demandez-vous quelle est son attitude envers le sectarisme du monde extérieur qui conduit les hommes à lui faire la guerre? La question est très pertinente car la Franc-Maçonnerie a été attaquée presque tout au long de son histoire et dans tous les pays. Ici, en Amérique, il y a plus de cent ans, une coalition de certaines églises et d’un parti politique national entreprit de liquider complètement la Maçonnerie et d’en effacer toute forme d’existence, et des gouvernements l’ont interdit par édits, lois ou décrets. Il est probable que notre Société devra toujours faire face à de telles attaques, comme d’ailleurs toute autre organisation.
 
Notre attitude envers ces attaques est de les ignorer. Notre position est que si un homme (ou un groupe d’hommes) n’est pas d’accord avec nous, c’est son affaire et celà ne nous concerne pas. Nous ne faisons rien pour inviter ou garantir de telles attaques, et nous n’en faisons pas notre affaire. Notre Foi en la Justice et la Vérité de la Maçonnerie est si bien fondée que nous sommes sûrs qu’elle n’a besoin de rien faire, sinon de continuer à être ce qu’elle a toujours été pour annihiler tôt ou tard toute charge que pourraient lui faire ses ennemis.
 
Ceci résume ce que nous pourrions appeler l’attitude négative de la Franc-Maçonnerie envers le sectarisme politique et religieux. Mais elle prend aussi une attitude bien positive, et c’est sur ce point que nous allons maintenant concentrer notre attention.
 
Cette attitude, dans son sens le plus large, prend la forme du grand Idéal Maçonnique de Tolérance. La Tolérance a toujours été un des principaux préceptes de notre Ordre.
 
Que voulons-nous dire par Tolérance? Nous voulons dire qu’une croyance est aussi vraie qu’une autre, qu’elle a autant de valeur qu’une autre. Nous ne préconisons pas une indifférence totale envers toutes les croyances, et nous ne soutenons pas non plus que toutes les différences d’opinion devraient être fondues dans le chaudron évasif du compromis. Comme partisans de la Tolérance, nous adoptons la position contraire: nous pensons qu’une croyance est plus vraie qu’une autre, qu’une opinion est mieux fondée qu’une autre, et nous voulons que la Vérité prévale. Mais nous savons que la Vérité ne peut se manifester que si chaque homme est libre de rechercher les faits par lui-même, penser par lui-même, parler par lui-même, faire face aux réalités de la vie par lui-même; que chaque esprit humain ait sa chance et qu’il soit libre d’observer le monde à sa guise. Ceci est le moyen par lequel la Vérité sur tout sujet sera trouvée.
 
La Tolérance est donc une chose positive et constructive; elle encourage chaque homme à réfléchir par lui-même parce que les hommes n’apprendront par aucune autre façon à penser les mêmes chose. Dans toutes nos assemblées, nous essayons de nous traiter les uns les autres avec cet esprit de loyauté. Nous pouvons être en désaccord, mais nous essayons de ne pas être désagréables.
 
Mais sur ces sujets, la Maçonnerie prend une attitude plus définie. D’abord, en ce qui concerne la Religion. La Maçonnerie est dédiée à la Fraternité et elle s’y consacre. Mais cette Fraternité repose sur une base religieuse. Tout Maçon doit croire en Dieu et en l’Immortalité de l’Âme. La Bible doit être ouverte sur l’Autel. Un candidat doit contracter ses Obligations à genoux. Avant de se lancer dans toute entreprise importante, un Maçon doit implorer l’assistance du Grand Architecte de l’Univers. Celà est religieux, mais ce n’est pas une religion. C’est de la Foi - sous forme de vénération - mais ce n’est pas une forme de vénération enchaînée à un autel particulier. Pour employer les grands mots du Livre des Constitutions: “C’est cette religion en laquelle tous les hommes sont d’accord”. C’est la base qui soutient toute religion, toute église (et ce terme doit être compris ici dans son sens le plus large sans détermination d’obédience religieuse), toutes les croyances, ou bien même toute secte. Une fois les Maçons réunis sur cette base, ils peuvent ensuite bâtir pour eux-mêmes cette église ou telle autre. L’Ordre n’interférera pas dans leurs décisions, mais il insiste que, quelle que soit leur opinion personnelle, elle demeure sur cette base.
 
Quant à elle, la Politique implique les discussions et les décisions sur les affaires publiques. Un gouvernement doit-il maintenir des armées importantes ou minimes? Doit-il imposer des tarifs douaniers sur les produits d’importation? Doit-il être un gouvernement, fort ou faible? Comment créera-t-il les impôts et les collectera-t-il? Doit-il accorder la liberté de pensée et de parole, ou non? Garantira-t-il la liberté de religion, ou imposera-t-il une église nationale obligeant tous les citoyens à y appartenir?
 
Chacune de ces questions est une question d’intérêt national, donc de politique. Par conséquent, les questions politiques sont de la plus grande importance pour une nation. Tout citoyen, s’il est bon citoyen, s’efforcera de prendre sur ces questions la meilleure décision et fera ce que son devoir exige pour que les décisions prises soient réalisées.
 
Ceci est être bon citoyen, et la Maçonnerie demande à chaque membre d’être bon citoyen. Tout comme nous avons vu que la religion de la Maçonnerie est cette base commune qui supporte tous les groupes religieux, cette idée de bon citoyen est la base commune de tous les partis politiques. Un Maçon peut adhérer à tel ou tel parti. Il peut avoir telle opinion sur les tarifs douaniers ou telle autre; il peut peser pour une grande armée plutôt que pour une petite, personne ne l’empêchera de penser et d’agir ainsi. Mais quelque soit son parti ou son opinion, il doit se conduire en bon citoyen - obéissant à la loi, fidèle au pays, loyal envers les pouvoirs civils, aussi prompt à faire ses devoirs civils que ses devoirs privés.
 
Pour résumer: en tant que Maçon, vous n’introduirez jamais dans la Corporation une question de controverse sectaire; vous ne paierez aucune attention à celles du dehors qui peuvent attaquer notre Ordre; vous adhérerez à cette religion en laquelle tous les hommes sont d’accord et vous répondrez avec loyauté aux réquisitions nécessaires pour être un bon citoyen.
 
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